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Kundalini yoga

Entre parenthèse ( la vie intérieure)- pendant le confinement

4/7/2020

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Au début de l'année, j'ai eu une sensation étrange, probablement due à l’effet miroir du numéro 2020. Au fur et à mesure que le mois de janvier s'écoulait, j'éprouvais une vague sensation de nostalgie anticipée. Lors de moments quotidiens parfaitement banals, comme d’aller chercher mon fils à l'école, j'admirais soudain la beauté de ma vie quotidienne pleine de gratitude. Cela n'avait rien d'exceptionnel car la gratitude n'est pas inhabituelle chez moi, je l'entretiens consciemment. Ce qui était différent, c'est qu'elle incluait une indéfinissable sensation de perte, comme si elle annonçait un détachement inévitable. Quelque chose allait se passer. Quelque chose nous attendait au bout de la rue.

Trois mois après nous sommes confinés. La normalité a disparu, nous vivons entre parenthèses. La réalité extérieure est devenue un film de science-fiction dans lequel on rentre et on sort rapidement pour faire des courses, du jogging ou prendre l'air avec les enfants. Les dernières semaines nous avons été secoués par des émotions très diverses - voire contradictoires -, la sidération, la peur, l'anxiété, le rejet, la tension, l'ennui, l'incertitude. Mais d'autre part on ressent également la conscience vibrante et aiguë d'être en vie et d'être capable d'aimer ainsi qu'une sensation d'aventure devant l'inconnu. On a l'intuition que la crise sanitaire va passer, ou du moins, qu’elle sera bientôt endiguée. Certes, nous sortirons du confinement mais il est difficile d'imaginer dans quelles nouvelles conditions. L'incertitude est absolue.

Le mental est privé d'une de ses deux béquilles, l'anticipation. L'autre est la mémoire, le passé. Or, après trois semaines de confinement, le passe semble très loin, s'estompant dans la brume d'un pays perdu duquel nous nous éloignons inexorablement. Notre confinement n'est donc pas uniquement dans l'espace mais aussi dans le temps. Peut-être pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, sommes-nous tous obligés de vivre dans le présent. C'est pareil pendant les périodes de crise vitale. Nous nous sentons profondément vulnérables, mais dans le même temps l'existence est ressentie avec plus d'intensité que jamais. C'est le temps des révélations.
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« Crise » vient du grec « krino » dont le sens étymologique est « décider », « faire un choix ». Collectivement, nous sommes dans une impasse. La destruction des certitudes, des habitudes et des projets qu'on croyait acquis, nous fait subir une intense pression psychologique. Or, cette pression qu'on ne choisirait jamais de subir consciemment cache également le germe d'une transformation du monde que nous habitons. C'est la même chose qui survient, lors d'un kriya ou d’une méditation, lorsque nous pénétrons dans les ombres de l'inconscient et que soudain émergent toutes sortes d'émotions difficiles, parfois intolérables.

Personnellement, j'éprouve quelques fois une intense sensation de perte. A d'autres moments je ressens de la crainte. Je crains que l'ancien bonheur et l’insouciance ne soient irrécupérables. Je crains les conséquences sociales de cette crise. J'ai peur de l'instabilité économique et de la précarité. Je crains la souffrance de millions de personnes pour qui la vie avant la pandémie était déjà très difficile. Je crains que mon fils ne retourne pas à l'école cette année et ne revoit pas ses camarades. Chacun pourra faire sa liste, j'en suis sûre. Dans ces jours de confinement font surface les craintes et les angoisses qui étaient déjà latentes à l'intérieur de la psyché. Le mieux à faire est de pas les éluder, les nier, les rejeter. Bien au contraire, il faut les accueillir et les observer attentivement, sans jugement et avec bienveillance. La tradition tantrique dont le yoga Kundalini est issu est la voie de l'acceptation. Ces émotions que nous appelons « négatives », ces empreintes émotionnelles, ces blessures intimes, que nous considérons comme des défauts de notre caractère que nous voulons cacher au regard d'autrui, sont bien au contraire le matériel le plus précieux pour nous faire évoluer. C'est le bois pour allumer le feu intérieur, la lumière de l'âme.

L'autre aspect fondamental de ce confinement est la sensation de futilité et de vide. Tant des choses que nous considérions importantes, qui auparavant nous occupaient, nous distrayaient et nous motivaient, se sont évaporées. A présent, le défi c'est comment faire face à tant de journées vides, tellement différentes de ce qui étaient jadis nos vies quotidiennes remplies de tâches, de sollicitations et de bruit. Un étrange silence attentiste semble s'installer dans le mental. Incrédules, nous regardons le ciel sans avion, les rues sans voiture, le passage piétons sans piéton. En dehors de la pandémie, la splendeur du printemps éclate dans les fleurs aux balcons, les arbustes des jardins et les bourgeons des arbres devenus plus visibles et majestueux que jamais. Dans nos brèves promenades, nous pouvons profiter du merveilleux chant des oiseaux. L’air n’a pas la même odeur, il est plus pur.


Décider de la fin du confinement n’est pas à notre portée. La nature semble vouloir nous mener à ce processus d'apprentissage collectif. On ne peut pas y échapper. En revanche, on peut décider comment le vivre. Un de mes soutras préférés est « il y a un chemin à travers chaque obstacle ». Au lieu d'une expérience traumatique de privation et de peur, le confinement peut devenir une puissante expérience de purification. Le clé est dans l'intention. Pour allumer le feu intérieur, l'introspection joue un rôle crucial. Travaillons avec nos émotions. Accueillons-les avec totale acceptation et donnons-leur une place en les notant dans un cahier de bord s'il le faut. A chaque fois qu'elles se manifestent, observons-les agir, laissons-les faire et respirons avec elles, laissons-les se dissiper avec chaque expiration. Ainsi, on pourra purifier et vider le mental de ses turbulences émotionnelles pour faire de la place à notre moi le plus inconnu, notre vraie nature.

Le mental a horreur du vide, il a toujours besoin de s'accrocher à quelque chose. Alors que son seul pouvoir réside dans l'ici et maintenant, il évite à tout prix de vivre dans l'instant présent. Face aux défis de la réalité qui s'approchent, le confinement nous offre une belle occasion pour entraîner le mental à marcher sans ses béquilles dans un nouveau chemin d'épanouissement et de pleine conscience. Profitons-en ! Lorsque nous sortirons de cette parenthèse, tout un monde nouveau sera à réinventer.

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    Elisa Lampros

    Ancienne juriste et consultant en droit de l'environnement, la découverte du yoga Kundalini en 2004 m'a fait oser changer de chemin pour me consacrer à la littérature. Après la parution de mon premier roman en 2011 ("Desorientación" chez  Caballo de Troya-Penguin Random House, sous le nom d' Elisa Iglesias) j'ai travaillé quelques années dans le domaine du journalisme et de l'activisme écologiste.

    ​A présent, j'enseigne le yoga et j'écris.

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