Les nuages défilent rapidement au-dessus de la bâtisse normande. Un vent froid de début de printemps fait grincer les volets de la salle de pratique où nous sommes réunis. Dehors, les oiseaux poursuivent le chant de leur harmonieuse mélodie sans se soucier de nos échanges humains autour du thème de notre stage de printemps, l'intuition.
A toutes et à tous, cela nous semble un sujet aussi passionnant qu'insaisissable. Peu importe la définition du dictionnaire, nous savons que l'expérience ne relève pas de la logique verbale mais plutôt d'un ressenti, souvent fulgurant, qui s'imprime dans le corps nous laissant parfois déroutés par son écho d'irréfutabilité. Les contextes étant très variables, il s'agit toujours d'un "savoir avant de comprendre". Soudainement le corps nous parle. Ses signaux se manifestent de manière viscérale, comme une forme de vérité vécue qui parfois se rapproche de l'instinct. Où est-elle la différence, on s'interroge, avec d'autres impulsions animales également intenses sur le plan physique. Peut-on faire le corollaire entre l'instinct et l'intuition? Le premier semblerait être plus relié à une "mémoire ancestrale, presque génétique et profondément ancré". Plus fugace, l'intuition nous relierait à une autre partie mystérieuse de nous-mêmes "qui sait déjà tout". Une sorte de narrateur omniscient de nos vies dont nous croyons entendre les reproches silencieux lorsque, hélas, nous ne lui avons pas prêté suffisamment attention. Car dans ses manifestations inattendues, il semble avoir toujours une forme d'aide ou de guidance "qu'il faut absolument suivre", l'intuition serait une sorte de "libre arbitre orienté". Mais comment savoir distinguer sa voix, on se demande, souvent étouffée parmi les autres voix qui bavardent dans notre conscience, doutes, menaces ou injonctions qui ne nous appartiennent pas véritablement mais semblent diffusées dans l'atmosphère ou dans la radio "des souvenirs de famille". Ce n'est pas une mince affaire. Si les intuitions sont "les bulles de l'âme qui émergent à la conscience", comment les accueillir alors pour se laisser enfin respirer? Einstein a dit " l'esprit intuitif est un cadeau sacré et l'esprit rationnel est un serviteur fidèle. Nous avons créé une société qui honore le serviteur mais qui a mis de côté son cadeau sacré." Immergés dans un monde qui a fait de nous des serviteurs surmenés dont l'attention est constamment sollicitée par les écrans, nous peinons non seulement à trouver le temps mais le sens même de nos existences. Épuisés par le flux permanent et surabondant d'informations souvent anxiogènes, nos systèmes nerveux sont incapables de les assimiler et nous sommes de plus en plus exposés à des réactions de rejet et de déprime. Les stratégies de stimulation hormonale mises en place par les réseaux sociaux, quant à elles, suscitent des réactions automatiques qui nous enlèvent autonomie et liberté. Tout se passe comme si on n'avait plus le choix de faire autrement. La sensation de fatalité s'empare d'un droit de cité évidemment dangereux pour la vie démocratique et les libertés si ardûment conquises par nos sociétés au fil de siècles. Tandis que nous rentrons dans le vif de ces sujets douloureusement actuels pour chacun, dehors les forces contradictoires et quelque peu cruelles du début de printemps sont à l’œuvre. Depuis les fenêtres, on peut voir les cimes de arbres secouées par de violents courants d'air froid. Des averses tombent sur la pelouse verte du petit cimetière communale. Cependant, partout les feuilles nouvelles poursuivent leur éclosion et de nouvelles fleurs percent dans le sous-bois. Encore timide, le printemps est déjà là. Comme les scientifiques et les artistes que nous évoquons dans notre conversation, nous voudrions oser voir au-delà des repères humains actuels, laisser nos pensées s'acheminer au-delà des débris d'un monde en crise et d'une mutation inéluctable. Devant l'incertitude radicale que nous vivons, nous percevons que l'heure est venue de lâcher la peur qui nous fige et nous dévitalise. En tant que pratiquants de yoga, nous savons que nous pouvons reconnaître cette peur pour ensuite la transmuter. Restant fidèles à nos corps, nous parviendrons à laisser entrer la lumière par les fissures de la souffrance que nous portons dans nos mémoires personnelles et collectives. Restant connectés à la Terre, nos systèmes auto-sensoriels nous permettrons de nous orienter, spontanément, dans n'importe quelles circonstances. En développant le lobe frontal par la pratique de la méditation, notre conscience supérieure parviendra à faire passer ses consignes et messages. Par la maîtrise du souffle, nous expérimentons l'unité avec la Création qui est à l’œuvre à travers chacun de nous. Nous vivons dans une époque absolument cruciale et unique. Il n'a jamais été si urgent de s'engager dans la transformation du monde. ONG SO HUNG Résume de l'atelier collective du 1 avril 2023 Stage : Renaître au Printemps Ferrières Saint-Hilaire, Normandie clic aquí para editar.
0 Commentaires
Votre commentaire sera affiché après son approbation.
Laisser un réponse. |
Elisa LamprosAncienne juriste et consultant en droit de l'environnement, la découverte du yoga Kundalini en 2004 m'a fait oser changer de chemin pour me consacrer à la littérature. Après la parution de mon premier roman en 2011 ("Desorientación" chez Caballo de Troya-Penguin Random House, sous le nom d' Elisa Iglesias) j'ai travaillé quelques années dans le domaine du journalisme et de l'activisme écologiste. Archives
Avril 2023
|